Presque cent ans de ma patience,
Cent ans de mes soins juste à ne pas mourir.
Je suis née en 1924 et, je suis toujours là.
Et par trois fois, je l’ai vu,
Il est venu prendre mes fils, un à un.
On aurait dit un ange noir,
Comme un diable sans sexe,
Dansant sur les cendres des cadavres encore fumants.
Et par trois fois, je suis restée debout,
Le cœur palpitant dans la lumière des flammes.
Presque cent ans de mémoire du monde,
Mon monde imprimé de lassitude.
Bientôt, je vais partir. Je vais mourir.
J’attends. Je suis patiente.
J’accepte d’être celle qui a été oubliée.
J’aimerais juste qu’un jour,
Dans ce petit village où l’on m’appelle Henriette,
Quelqu’un se souvienne
Que mon deuxième prénom était Aimée.
Dominique T.
Ce texte, inspiré par l’œuvre d’Aimé Césaire : «Cahier d’un retour au pays natal», a été composé lors d’un atelier d’écriture de l’association écoutécris
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